Nils Oscar
Après plusieurs jours consécutifs d’abstinence de bière en raison de ma santé vacillante, je suis de retour pour vous faire rêver de nouveau. Je vais aussi en profiter pour clore cette interlude sur les bières suédoises, parce que y'en a marre, et que je n'en ai plus. Mais pour l'occasion, et pour la première fois, voici une TRIPLE REVIEW !!!
... de la Nils Oscar :
- India Ale :
Il s'agit donc comme son nom l'indique, d'une India Ale, un type de bière que les britanniques ont beaucoup développé du temps de la colonisation des Indes. Elle est donc élaborée avec des ingrédients spécifique et se doit d'être amère et désaltérante.
C'est donc un type de bière très difficile à trouver en France ou en Belgique, loin de nos bonnes habitudes brassicoles, mais qui a le mérite d'être découvert. C'est tout d’abord par sa couleur que vient la surprise. Un superbe ambré totalement transparent tirant presque vers l'orange aux endroits où le verre est le moins large. C'est très beau, et la mousse très fine donne instantanément envie d'y tremper la langue.
Mais ce geste est rapidement stoppé par la forte odeur qui s'échappe du breuvage. Un mélange d'épices et de houblon propre à l'India Ale qui se rapproche légèrement de ce qu'on respire dans un Orval par exemple, mais en bien plus léger et distingué. So british quoi !
On goutte donc enfin cette curiosité, et tout de suite, c'est un goût linéaire qui s'affiche, très sec et épicé, mais tout de même peu agressif pour les papilles. Les saveurs sont profondes et envahissent le fond de la bouche, jusqu'aux parois de la gorge. On est vraiment en présence d'une boisson inhabituelle, même pour moi, les nuances sont très amère, elles prennent la gorge et ne la lache plus avant de nombreuses minutes. Mais pourtant, bien frais, c'est effectivement très désaltérant. Seulement il est certain que tous le monde ne peut pas aimer cette bière tant elle est particulière. Bon, moi j'ai l'esprit ouvert donc j'aime bien, mais en considérant tout de même ça comme une bière de dégustation, à ne pas boire tous les jours en somme.
Ma note : 7/10
Original et agréable, pas franchement écœurante, c'est une bière remplie de mérite mais que je préfère boire de façon exceptionnelle. Ça n'enlève toutefois rien à sa qualité.
- God Lager :
Attaquons maintenant la "God Lager", sachant que la lager est le nom du procédé visant à produire de la Pilsner, et que god signifie dieu en anglais, traduisez donc ça par la "Pils de dieu" ! Tout un programme, difficile de savoir à quoi s'attendre. Et la première surprise arrive en effet très vite, dés le versement de la bière dans le verre, un dépôt de levure apparait, léger mais suffisamment rare dans une pils pour que cela retienne mon attention. C'est donc un verre troublé qui s'offre à mon nez et vient me révéler une odeurs un peu florale et houblonnée juste ce qu'il faut. Tout cela s'avère donc fort prometteur !
Et quand on goutte, c'est d'abord une entrée de bouche acide, un rien citronnée, qui vient picoter la langue avant qu'apparaisse la douce amertume, parfaitement proportionnée, douce mais assez puissante pour développer un début d'addiction dés la deuxième gorgée. La troisième n'est qu'une question de seconde et suffit à ce rendre compte que la gazéification accompagne merveilleusement cette bière. Et toujours cette bonne odeurs qui fleure bon jusqu'aux fond des narines. Et de nouveau cette attaque acide qui se transforme progressivement en amertume. Puis ces bulles qui chatouillent le fond de la gorge. J'avoue être totalement sous le charme de cette pils. En ayant goutter beaucoup à travers le monde, je peux vous assurer que celle ci est au dessus du lot, faisant partie des rareté qui marquent l'esprit et seraient à elle seule une motivation suffisante pour retourner visiter le pays dont il est question le plus vite possible. Je veux parler par exemple de l'excellente Suntory Premium Malt au Japon, d'une bonne Paulaner d'octobre en Allemagne, ou encore d'une certaine Kilkenny pression en Irlande.
Ma note : 8,5 /10
Voilà, une pils surprenante pleine de subtilités, je la conseille vivement, même si ce n'est hélas pas facile de s'en procurer. C'est en tout cas un contraste parfait entre puissance et légèreté, le tout parfaitement savoureux et rafraichissant, ce n'est vraiment pas une pils comme les autres et c'est tant mieux ! A quand un import en Belgique ???
- Hop Yard :
Last but not least puisque la gamme de Nils Oscar compte encore plusieurs références, voici venu le temps de la "Hop Yard", la plus forte des trois avec ses 7,3% et une première sensation de nouveau fort agréable lors du versage. Cette brasserie a décidément un secret pour faire exploser les saveurs dés les première secondes. Cette fois c'est un mélange odorant de houblon tirant vers des tendances sucrée. Et lorsqu'on persiste à inspirer tout ça avec le nez plongé dans le verre, ce sont même des senteurs de bonbon qui apparaissent. Celle des bonbons d'autrefois à la rose ou à la violette, mais toujours avec ce houblon en fond. Car après avoir constaté l'amertume prononcée de la India Ale, et sachant que la Hop Yard est une IPA, comprenez une India Pale Ale, soit une India Ale plus forte, il faut s'attendre à encore plus d'amertume, et là, c'est toujours avec la limite que le brasseur flirte ...
Et effectivement, à la première gorgée, une violente saveurs amer emplie la bouche. On s'attend à du sucre de par l'odeur et ce liquide est diablement sec. Les sensations s'alternent, parfois amer et sec, et la gorgée suivante plutôt sec et amer. Puis on la sent descendre doucement jusqu'à l'estomac en l'espace de 4 ou 5 secondes. Une sensation de fraicheur envahi tous le corps progressivement. C'est très étrange, une bière mystique à priori. Ça y est, je n'ai plus de salive dans la bouche malgré que j'en soit à ma 4ème gorgée en l'espace de 3 minutes. Du coup je rince un peu en buvant de nouveau, et une énième claque d’amertume est donnée à ma gorge qui n'en peu plus de tant de sècheresse. Je tente de changer de sujet en vous parlant de cette couleur très marron et un peu troublée mais je ne sais me concentrer alors que la soif me gagne une fois de plus en un temps record. Et encore une claque. Cette bière est un marathon. Je n'en ai bu qu'un tiers et déjà l'envie me prends de mettre ma bouche sous la douche. Et pourtant s'il y a bien quelque chose que cette bière réussi à merveille, c'est de rafraichir le corps ... et l'esprit si on en convient par ce taux d'alcool que je sens monter inhabituellement vite étant donné que le dessèchement dont cette bière est la cause n'a pour conséquence que d'ajouter une lampée de plus dans mon sang. Je pense que le vice caractérise très bien cette "Hop Yard". De toute façon, rien que ce nom nous prévenait du carnage à venir. Car comme toute les bières qui se vantent de sublimer le houblon (hop en anglais), nous sommes toujours servis par une violente amertume. Je pense à la Hommel de Poperinge bien sur, à L’Étoile du nord, ou dans une plus douce mesure à la Hopus.
Ma note : 6,5/10
Loin de moi l'idée de dire du mal d'une si belle initiative. Une bière spéciale, très amère, très particulière, et je salut d'ailleurs les gens qui tentent ce genre de chose artisanales de grande qualité. Cependant dans le cas présent, j'ai envie de dire que trop, c'est trop. En tout cas en ce qui me concerne, c'est un peu trop. Mais ça ne veut pas dire que c'est mauvais. Au contraire, en de rares occasions, je trouve ça fabuleux de pouvoir déguster un tel breuvage, mais malgré tout l’intérêt que j'ai pour cette Hop Yard, je trouve ça too much. Un peu too much quoi. Enfin voilà quoi, je ne suis pas un fan absolut, mais cela dit je suis fier de connaitre cette bière de caractère !
FIN
Pour conclure sur les bières de Suède, je dirais que le savoir faire est là, bien présent et souvent exploité avec talent, mais qu'on est pas vraiment en présence d'une créativité débordante. Ce sont plutôt des recettes largement brassées un peu partout dans le monde qui sont ici réunie par les brasseurs, et sans doute un peu retravaillée. Il y a donc une véritable diversité dans les produits proposés, traduisant une réelle passion pour la bière, mais en restant le plus souvent classique. Il y a aussi de mauvaise bières, mais c'est un phénomène qui fait rage un peu partout dans le monde, je pense même que les Suédois sont assez épargné à partir du moment où ils font la démarche de se fournir en bonnes bières. Ce n'est pas ce qui manque, et ils est agréable de constater qu'il s'agit principalement de productions locales. Par contre, et comme dans tout autre pays, celui qui prend sa pils en bar sera souvent déçu. Donc si vous visitez la Suède, arrêtez vous dans un de ces "System Bolaget" pour goutter les bières du pays, plutôt que de le faire au bistro.
Comment, je ne vous ai pas parlé des "System Bolaget" comme promis dans la première review de cette série Suédoise ? Qu'à cela ne tienne il n'est pas trop tard. Il suffit simplement de savoir que la vente de produit alcoolisé est exclusivement pratiqué par l'état qui contrôle donc des boutiques ne vendant que ça. Les bénéfices allant ainsi directement dans la poche du trésor public. Ce monopole leur permet aussi de pratiquer une politique de prix un poil abusive et de choisir les horaire de vente d'alcool dans tout le pays, puisque quand ces boutiques sont fermées, c'est terminé, circulez ya rien à voir. Ainsi donc dés la fin de l'après midi jusqu'au lendemain matin et les dimanche en intégralité, il est impossible de se fournir pour boire chez soit. C'est peut être aussi un moyen de faire tourner les bar un peu mieux le soir, car il faut bien avouer que dans nos pays, la vente d'alcool en grandes surface à portée un coup important aux troquet de village. Il s'agit donc d'un système présentant son lot d'avantage comme d'inconvénients.
Rendez vous donc dans un "system bolaget", ces épiceries de tize superbement rayonées, pour gouter les bières dont je viens de vous parler, ou sinon trouvez un restaurant qui saura vous servir avec bon goût. C'était d'ailleurs le cas de cette Nils Oscar. C'est dans un restaurant de Lund que je l'avais goutée, à la pression, et dans le verre d'origine incluant cette pointe d'humour dont je suis un lol-fan. En haut était écrit "Nils Oscar est ici" et sous le verre, on lisait donc une fois la bière terminée "Nils Oscar était là".
Comme quoi, même si les bouteilles de Nils Oscar sont moins stylisée que celles d'autres brasseries malgré de jolies étiquettes sobres et mariant fort bien les couleurs, le brasseur s'est rattrapé sur son verre pour avoir la classe. Et ça, c'est un comportement qui a vraiment beaucoup de style !
P.S. pour les Chacals : Je vous entends d'ici traiter en disant que ce n'est pas la première triple review de ce forum, que Bolo en a fait 6 en une matinée et bla bla bla. OUI, et je suis fier de sa verve de trasheur occasionnel qui me donne envie de fréquenter un bar à LLN soon. Mais j'ai commencé à rédiger cette review avant qu'il ne poste les siennes, ok j'ai mis le temps et c'est une mauvaise excuse mais je veux surtout signaler qu'il s'agit d'une triple review d'une bière de la même marque en un seul post, et ça c'est new !
P.S.(2) pour les Chacals : Comme je le disais dans le premier P.S., ça fait 3 bonnes semaines que j'ai commencé cette review, et j'ai été effectivement souffrant à la mi-janvier. Mais c'est passé, ne t'inquiète pas lecteur, je vais mieux et mon rythme reviewesque va redevenir ce qu'il était, avec une diversité à nul autre pareil comme on a jamais vu ça, foi de Booyah !