Abbaye de Maroilles

Booyah   🍺    06/11/2013

Review cheezybeer aujourd'hui, avec un accord parfait entre la bière de l'abbaye de Maroilles et des crêpes ... au maroilles !

L'important est de commencer à préparer un bon carnage dans une poêle, c'est la base de tout, le fromage doit être bien fondu, sinon il est moins bon, et s'il est moins bon, c'est forcement dommage. N'hésitez donc pas à laisser mijoter le plat plus que de raison sans vous soucier de l'odeur qu'il dégage, car il ne faut surtout pas oublier que cela fait partie intégrante de l'ambiance que vous mettrez dans la pièce et qui vous permettra d'optimiser la dégustation de votre repas. Ensuite, versez l'abbaye de Maroilles dans un verre au look médiéval, ou presque, et le tour est joué.

Abbaye de Maroilles

Nous dégustons là une bière libérant des arômes très acides se rapprochant plus d'un nez de cidre, dégageant aussi de l'alcool en quantité suffisante pour pouvoir le sentir, et un côté fruité prometteur. Cette bière affiche une belle couleur d'un blond absolument parfait avec une transparence légèrement troublée. En bouche, c'est une lourdeur toute relative qui surprend agréablement, des saveurs puissantes qui se répandent sur la langue, une amertume étonnante, différente des autres bières, plus profonde, un peu mielleuse de par son épaisseur et son petit côté sucré mais qui n’écœure aucunement. C'est une bière souple, pleine de rondeur qui accompagne parfaitement un plat au maroilles grâce à ces contrastes sucré-salé, chaud-froid et douceur-agressivité.

Et pourtant je ne suis vraiment pas certain que là était le but des brasseurs de cette abbaye de Maroilles qui, avant d'être un fromage mondialement célèbre, est avant tout une "ville du sud du nord" comme j'aime à la dire. Car même si le nom trahi un fromage fort bon, ce n'est pas pour ça que la bière, issue d'une petite brasserie des environs, allait, elle aussi, régaler son petit monde à l'unanimité. C'est surement en voulant simplement faire une bière de type abbaye, qu'ils l'ont ainsi nommée en reprenant le nom de celle qui était la plus proche ou la plus libre de droit, et pourtant le résultat est sensiblement différent des autres bières d'abbayes plutôt lourdes qu'on a l'habitude de consommer, comme s'ils avaient voulu se démarquer, mais dans quel but ?

Bien sur, ils devaient cependant se douter que la comparaison avec l'illustre fromage aurait lieu, et il fallait donc pouvoir faire bonne figure en ce cas là. Hé bien c'est plutôt réussi, le rinçage entre les bouchées est un plaisir chaque fois décuplé, la légèreté bienheureuse de cette bière permet facilement de la boire en mangeant, sans sentir son ventre descendre de 10 centimètres à la moindre gorgée. Maroilles fondu et bière de Maroilles se mélangent généreusement et intelligemment, l'un appelant l'autre, qui à son tour appelle le premier. Les réponses arrivent du tac-au-tac. Au salé qui dessèche, je t’envoie un doux compromis de sucre liquide ; à l'amertume et l'alcool des 8,3 % composant la bière, je réplique par un fondant emplissant l'entièreté de la bouche, et, moelleusement, je viens caresser les papilles avant de, une nouvelle fois, lancer mon attaque salée, faisant tendre irrémédiablement le bras vers ce verre providentiel gorgé d'un blond liquide qui devient ma priorité du moment, anticipant qu'un retour de bâton n'inverse les rôles une énième fois.

Ma note : 8/10

La surprise est de taille ! Je m'attendais plutôt à une bière française tentant vainement de plagier les abbayes belges comme beaucoup d'autres avant elle, et je vous avoue d'ailleurs l'avoir acheter uniquement pour sa consonance fromagère. Évitant habituellement les bières belges dites d'abbaye, proposant souvent un breuvage bas de gamme, soit trop alcooliser, soit trop lourd, et parfois les deux, vous imaginez bien que je fuis ce genre de bière lorsqu'elle à en plus le malheur d'être française. J'aime certes les bières artisanales françaises et la Kœnigsbier (qui est ma Carapils à moi, incluant autant de souvenirs (et d'oublis) que pour Bolo) mais les pseudos bières d'abbaye, bof bof.

Hé bien pour la Maroilles, il en est tout autre. Peut être est ce de l'avoir mariée avec un plat composé à 75 % de maroilles merveilleusement fondu, un peu saisi comme brulé au fond de la poêle, et liquide, en phase d’ébullition avancée, au dessus. Toujours est-il que cette bière est excellente, quoiqu'un peu trop alcoolisée peut être. Mais remplacer la lourdeur par du fruité est quelque chose que je salut.

La bonne crêpe


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