Belgian Coast IPA
Une originalité vient de sortir dans les rayonnages de mon drive'in préféré (qui n'en sera d'ailleurs bientôt plus un), la Belgian Coast IPA, issue d'une association entre les brasseries Saint-Feuillien et Green Flash en Californie.
Et quoi de plus naturel après avoir entamé cette collaboration par la Black Saison, que de continuer avec une India Pale Ale, ce type de bières très amers et rafraichissantes dont les anglo-saxons raffolent. Une IPA en Belgique, voilà une bonne surprise. Gageons que les américains sachent mieux les brasser que leurs cousins britanniques ... mais nan j'déconne, tsaaa ces anglais, ce qu'ils peuvent être susceptible !!!
Snif-snif-snif...
Comme souvent dans ce type de bière, une très forte odeur sort de la bouteille dés son ouverture, comme si elle avait été enfermée sous pression pendant des siècles. Sauf que cette fois, les senteurs sont encore plus florales qu'habituellement. Ca sent carrément le pistil de ces énormes fleurs qu'on voit dans les jardins bien entretenues alors que le printemps cède place à l'été. Cette bière sent le pollen, c'est incroyable, on se croirait vraiment en plein mois de juin au beau milieu d'un espace garni typiquement Varengevillais !
Wouah-whouaa-wouhaaa...
Cette bière est d'or, tirant presque vers le bronze selon son angle d'admiration. Sa couleur est superbe, avec de beaux reflets, légèrement opaque. Malgré sa clarté, la lumière semble avoir du mal à la traverser, ce qui lui confère une diffraction lumineuse mate du plus bel effet. Quant à la mousse, elle est incroyablement dense et compacte, et met une dizaines de minutes avant de redescendre, et encore, pas complètement. Il reste quelques paquets indestructibles, composé de milliards d’extrêmement fines bulles, parfois même invisibles à l’œil nu. Jamais, ô grand jamais, cette mousse ne s'efface en laissant apparaitre le liquide. La résistance est acharnée, c'est là sans doute la quintessence, le cœur de roc de ce qu'il reste de l'épaisse mousse désormais disparue qui tapisse la surface du verre comme pour protéger son précieux contenu.
Je reste admiratif et fasciné pendant un bon quart d'heure devant un tel spectacle avant que la soif n'emporte enfin mon humeur vers un désaltérage bienvenu.
Glou-glou-glou...
Ce liquide est crémeux, je ne m'étais donc pas trompé, cette mousse est extraordinaire de douceur et de finesse lorsqu'elle s'écoule sur la langue, la traversant de son bout pointu jusqu'à la glotte. Alors seulement, la surpuissance de l'IPA prend le dessus, atomise la bouche toute entière, l'emplie de pétales, de feuilles, de chlorophylle, puis ensuite de houblon en quantité forte importante mais dont les arômes se succédant à une vitesse dingue s'avèrent pourtant merveilleux. On reste étonné, ravi, surprit, par tant de combinaisons, par tant d'onctuosité, par tant de délices tous différents qui composent cette unique bière.
Glou-glou-glou...
Nous n'avons pas l'habitude de déguster des bières aussi portées sur le houblonnage, c'est quelque chose qui reste généralement la chasse gardée de quelques brasseries artisanales, bien que cette mode ne soit en train de se répandre actuellement chez les brasseurs belges de taille moyenne. Ils sortent tous en effet leur "triple hop", leur "verte", leur "hoppy", leur "hopper"... en y ajoutant plus de houblon que pour leur blonde traditionnelle. Et c'est facile de rendre une bière plus amer simplement parce que les gens pensent que c'est meilleur alors qu'en fait ils n'ajoutent qu'une rasade de houblon plutôt que d'étudier de nouvelles recettes avec l'objectif de rendre son résultat le plus orgasmique possible ! (classe américaine inside) Au moins reconnaissons à la brasserie Saint-Feuillien le mérite d'être aller plus loin que tous le monde dans l'élaboration de sa nouvelle bière afin de ne pas suivre bêtement une mode commerciale, mais de réellement proposer un produit nouveau digne de ce nom. Et quelle recette ! Un assortiment de 7 variétés différentes de houblons, américains, européens et un autre australien, pour une véritable explosion papillaire.
Glou-glou-glou...
Diablement surprenante est parfois cette Belgian Coast. Avalez une gorgé de travers et vous serrez horrifiez par sa gerbante amertume trop prononcée, au point de vous faire grimacer jusqu'à en rider l'ensemble de votre visage. Mais faites délicatement couler une lampée jusqu'au fond de votre gorge et vous ressentirez comme un matelas divin se glisser sensuellement sous votre tête. Cette bière ne s'avale pas, elle s'assimile, elle s'ingurgite en bloquant sa glotte, elle se laisse s'infiltrer d'elle même à l'endroit ou elle doit aller après avoir été longuement gardée en bouche.
Glou-glou-glou...
Ma note : 8,5/10
Re-glou-glou-glou...
Une bière bien étrange et mystérieuse. Chaque gorgée apporte son lot de nouvelles saveurs. On est parfois déçu, mais souvent comblé. Il faut le boire pour le croire. Cette IPA est une franche réussite, quelque chose de fort, qui n'arrive qu'une fois dans sa vie, ou presque. Oubliez tout ce que vous savez, ceci est différent, très différent. Mais malgré tout le bien que j'en pense et l'étonnement dont je suis victime, point de note ostentatoire, car bien que j'aime cette bière, ce n'est pas là mon style préféré.
Et sachez qu'il m'en reste une à votre disposition mes chers Chacals !