Engelszell Gregorius

Booyah   🍺    23/07/2015

Et pour finir cette session de Trappistes Autrichienne, voici la plus cotée des trois, je veux bien sur parler de la Gregorius !

Et la première chose que ça sent, c'est l'alcool, et pour cause, à 9,7%, ça dégage bien les sinus ! Il y a un petit quelque chose d'épicé, de vanille qui a mal voyagé et aussi de clou de girofle.
La bière est bien marron, un peu trouble avec du dépôt, et la mousse se tasse vraiment très vite. On peut la verser dans le verre à fond la caisse, rien ne monte ! C'est très loin de la noblesse des brunes belges tout ça...

Engelszell Gregorius

En bouche, c'est rond, très rond, et petit patapon même ! On s'attend à un destructeur de papille et à un arrachage de gorge par l'alcool mais pas du tout, l'équilibre est même excellent. Une nouvelle fois, la liste des ingrédients renseigne sur la présence de miel, surement à l'origine de cette douceur inéluctable. (j'avais envie de placer ce qualificatif dans cette review, même s'il ne qualifie rien du tout !)
Les saveurs sont tout de même un peu ternes, un peu vineuses voir vinaigreuse, comme masquée par un voile de poussière, on a l'impression qu'il y a quelque chose de bien là derrière mais on n'arrive pas vraiment à savoir quoi, comme quand on attaque le point sud d'El Alamein sur DC par le ciel en Sukoï SU-25 Frogfoot, on est dans le flou jusqu'au dernier moment, y a t'il un fantassin vulnérable ou une Shilka meutrière... C'est aussi ce mystère qui nous fait boire de nouvelles gorgées à la recherche désespérée de réponses.

En se réchauffant, il y a toujours cette odeur étrange mais elle commence à s'estomper un peu et à se transformer en boisé plutôt agréable.
Une certaine astringence apparait alors que le houblon ne se fait pas vraiment sentir. Elle gagne en lourdeur ce qu'elle perd en fraicheur. Son goût est plus prononcé, quoique toujours énigmatique, mais on a plus de mal à l'avaler qu'avant.
Il y a aussi un sucré qui fait son apparition de façon un peu excessive, et une agressivité peut-être issu du dépôt qui n'est vraiment pas très bon.
Cette bière est loin de dégager autant d’arômes qu'une Westvleteren XII issu d'une cuvée réussie et bien vieillit en cave, mais elle présente tout de même un intérêt non négligeable que tout bon amateur de bière doit déguster au moins une fois dans sa vie.
Quant à la question "faut-il la boire fraiche ou chambrée ?" Il y a du bon et du moins bon dans les deux cas, mais malheureusement, pas de consensus idéal.

Ma note : 8/10

Elle est intéressante, tout de même bonne, mais trop mystérieuse pour pouvoir l'apprécier comme il se doit. J'avais envie de mettre une note plus élevée mais l'impression global qu'elle dégage est trop sur la corde raide. C'est en dessous d'une Trappe Quadrupel ou d'une Chimay bleue mais tout de même pas si loin.

Cependant, elle reste indéniablement une bière de dégustation qui éveille les sens. La petite histoire nous apprend que ce sont des moines Alsaciens qui ont fondé une abbaye Trappiste à Engelszell en 1925 en apportant leur savoir faire local, c'est à dire, selon moi, l'excellence des vins blancs d'Alsace. Car effectivement, au goût, on s'y retrouve un peu. Le côté asséchant du Riesling en fin de bouche, un léger pétrolé aussi, un fruité amer de bonne facture... On n'est pas loin du "barley wine" sans en avoir l’écœurement. Pour info, Gregorius n'est autre que le nom du moine qui a guidé les autres jusqu'en Autriche.

Et pour la petite dédicasse, j'ajouterai que ce sont des moines de l'ordre Augustin qui ont fondé, en 1046, l'abbaye Alsacienne Notre-Dame d'Oelenberg à l'origine de celle d'Engelszell !


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