Tucher - Bajuvator Doppelbock
Tome III
: Bajuvator et Reinheitsgebot
Oui, les mots qui composent ce titre existent bien.
Nous nous éloignons maintenant des questions Booyesques initiales pour entrer plus profondément dans la culture brassicole allemande et aller en titiller les spécificités.
La brasserie Tucher n'a rien de particulièrement remarquable, je vous invite même à ignorer royalement cette brasserie industrielle au possible, appartenant à la multinationale allemande de l'agro-alimentaire Dr. Oetker et qui, j'ignore si ça existe, est probablement membre d'une amicale d'anciens nazis.
Néanmoins, cette brasserie originaire de Nuremberg produit une bière qui va nous permettre d'aborder 2 points notables, sur les bocks d'une part et sur l'histoire de la bière allemande d'autre part.
1/ Les doppelbocks "-ator"
Bajuvator donc, un nom très bizarre dont je n'ai absoluement pas trouvé la signification. Choux blanc donc.
Par contre c'est au suffixe ator dont nous allons nous intéresser maintenant car je suis sur que vous l'avez déjà rencontré sans en connaître la signification !
Ce suffixe "-ator" est donc un signe distinctif d'une duppelbock et ceci parait-il en hommage à leur mère à toute, la Paulaner Salvator, sur laquelle il y aurait pas mal à dire mais que je ne reviewerai pas car ce n'est pas une unique et qu'elle ne m'avait pas laissée de souvenir impérissable (mais mes goûts en bière de l'époque sont potentiellement criticables)...
Cette tradition d'appellation a donc menée à de nombreux jeux de mots...
1/ Le Reinheitsgebot
Revenons à notre Bajuvator (7.5°) qui arbore discretement sur l'étiquette cette phrase en language germanique :
"Gebraut nach dem Bayerischen Reinheitsgebot"
Cette phrase énigmatique ne paie pas de mine mais elle est essentielle pour comprendre le monde brassicole teuton !
Litéralement ça se traduit par :
"Brassée selon le décret sur la pureté de la bière bavarois"
Mais qu'est ce que ce "décret sur la pureté de la bière" ? Et bien je suis là pour étancher votre soif de savoir !
C'est un décret initialement pris en Bavière en 1516 qui s'étend progressivement à l'ensemble du territoire prussien. Ce décret dicte les standards dans la fabrication et la commercialisation de la bière, particulièrement les ingrédients qui doivent se limiter à : l'orge, le houblon et l'eau.
Cette loi a permis de protéger les brasseurs bavarois (car elle ne reconnait comme bière que celles issues de la méthode de fabrication bavaroise traditionnelle) au détriment du patrimoine brassicole des autres régions allemandes qui ont s'y plier et stopper la production des nombreuses bières régionales qui ne collaient pas avec ce cahier des charges.
Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale que cette règle fut adoucie et que, par exemple, le malt d'autres céréales furent autorisées, ce qui permis la renaissance de nombreux styles de bières allemandes longtemps oubliés/malmenés, comme les Weizenbier qui, je vous le rappelle, sont brassées avec au moins 50% de malt de froment et non d'orge.
Voilà pour la page culture, côté dégustation nous ne sommes en revanche pas vraiment au niveau, même si la torréfaction est très présente, on sent que tout est aseptisé, industrielle et finalement assez aqueux...
Verdict, 6/10 parce qu'elle nous a permis d'en apprendre encore un peu plus et qu'avec un bon kebab elle est de bonne compagnie.
Rendez-vous prochainement pour le 4ème et dernier tome de cette épopée au royaume merveilleux des bocks.